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6 décembre 2011 2 06 /12 /décembre /2011 17:00

Chapitre IV 


LA DOCTRINE ORTHODOXE DES SACREMENTS


            Les sacrements sont des actes sacrés par lesquels l'Église communique aux fidèles la grâce du Saint Esprit qui les purifie de leurs péchés et qui leur donne les forces indispensables au salut. 

            Le nombre de sept sacrements est traditionnel, mais il n'est pas dogmatique. L'Église accepte des actes sacramentaux parallèles aux sept sacrements et qui possèdent la même force spirituelle. Ce sont : l'entrée dans les ordres monastiques et la fraternisation qui correspondent au mariage ; le service de l'enterrement avec l'absoute générale qui correspond à la pénitence ; la consécration de l'église qui correspond à la chrismation ; et la grande consécration des eaux de la Théophanie qui correspond au baptême. 

            Le sacrement est une aide nécessaire pour le salut que Dieu accorde aux hommes pour les libérer des péchés et pour transformer leur vie.

            Il y a donc les sacrements qui libèrent l'homme du joug du péché, et ceux qui organisent la vie du chrétien sur cette terre. L'homme reçoit dans quatre sacrements la rémission des péchés. Pourquoi est-il nécessaire d'avoir tant de sacrements de rémission ? Le péché est une désobéissance aux commandements de Dieu. L'homme transgresse les lois divines à chaque instant. Sa vie est une suite discontinue de montées et de descentes. Dieu lui accorde donc, dans sa miséricorde, des possibilités différentes de se libérer du péché : dans le baptême, la pénitence, l'onction d'huile et l'eucharistie.

            Si dans le sacrement du baptême, l'homme est libéré du «péché originel[16]», il est délié dans le sacrement de la pénitence des péchés qu'il a commis depuis sa naissance spirituelle ; dans le sacrement des huiles il est guéri des maladies corporelles et spirituelles, et dans le sacrement de l'eucharistie il reçoit la rémission des péchés et se réunit au Christ par la communion aux saints Dons.

            Le sacrement de l'eucharistie a une double force spirituelle et forme le centre de la vie sacramentelle. Il est le sacrement à la fois de l'unité des hommes devant le même calice et de leur parenté en Jésus-Christ. Il est le fondement de toutes les relations entre les croyants, la base de toute la vie chrétienne.

            Pour transformer sa vie, l'homme a besoin d'aide spirituelle ; elle lui est accordée, outre de l'eucharistie, dans les sacrements de la chrismation, de l'ordre et du mariage.

            Si, lors du baptême, l'homme naît pour la vie nouvelle, il reçoit dans le sacrement de la chrismation la force du savoir spirituel et la possibilité de recevoir les dons du Saint Esprit, et de participer à la vie divine. Dans le sacrement de l'ordre l'action de la grâce du Saint Esprit s'élargit et fonde un organisme chrétien : la paroisse avec le prêtre et l'église locale avec l'évêque. Dans le sacrement du mariage et dans les actes sacramentaux de l'entrée dans les ordres monastiques et de la fraternisation, l'Esprit Saint sanctifie trois voies de la vie chrétienne : la fondation d'une famille qui est une église primitive, l'entrée dans une famille monastique et le travail confraternel à la gloire de Dieu.

            Enfin, dans la grande consécration des eaux, la grâce édificatrice du Saint Esprit élargit encore ses limites et sanctifie tous les êtres et toutes les choses, la nature et ses éléments.

            L'Église croit que dans les sacrements il ne peut y avoir de magie. Aucune parole, aucune formule ne peut avoir en elle-même la valeur sacramentelle. Par conséquent, la commémoration des paroles de notre Seigneur est suivie dans le canon liturgique de l'invocation (épiclèse), dans laquelle le prêtre demande la consécration des Saints Dons par le Saint Esprit. De même le baptême administré par un non-chrétien, n'est pas valable, même si les paroles ont été correctement prononcées.

            1) - Le sacrement du Baptême

            Lors de son baptême le Sauveur a détruit la force du péché d'Adam. Dans le sacrement du baptême l'homme se libère du joug ce péché originel et naît à une vie nouvelle. Le baptême est indispensable pour le salut : «En vérité, en vérité, je te le dis : nul, s'il ne naît d'eau et d'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu» (Jn 3, 5). «Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné» (Mc 16, 16). Le baptême signifie l'entrée dans l'Église du Christ, la libération du péché d'Adam, l'acceptation de la croix et la foi en la Sainte Trinité qui a paru lors du baptême de notre Seigneur.

            Le sacrement du baptême est accompagné, par conséquent, de l'imposition de vêtements blancs qui symbolisent la pureté, de l'imposition de la croix que le chrétien portera toute sa vie, et de la profession de Foi.

            Comme la foi en la Sainte Trinité est indispensable pour le baptême, celui-ci ne peut être administré, en cas de nécessité, que par un chrétien, parce que la formule du baptême n'a pas de force en elle-même, mais devient active par la foi de celui qui la prononce.

            Le baptisé reçoit, lors du baptême, le nom d'un saint, comme symbole de son entrée dans l'unité de l'Église qui est non seulement l'Église terrestre, mais aussi l'Église céleste.

            Après la chute d'Adam, le mal de la désobéissance à la volonté de Dieu est entré dans toute la nature. L'homme est responsable du mal qui se produit autour de lui car il en est la cause première. Après la venue du Sauveur, l'humanité a reçu non seulement les moyens de transformer sa propre vie, mais aussi la possibilité de transfigurer la nature toute entière. Il y a un acte sacramentel qui sanctifie la nature, qui lui communique le baptême spirituel et qui la libère du joug du péché et de la damnation. C'est la grande consécration des eaux le jour de la fête de la Théophanie, quand tous les éléments sont sanctifiés par la force, l'action et la descente de l'Esprit Saint.

            Par l'intermédiaire de l'eau consacrée, la grâce se communique à toute chose, aux saintes icônes et aux objets sacrés, aux maisons et aux bateaux, aux puits et aux fleuves, aux villes et aux champs, au bétail et aux abeilles.

            2) - Le sacrement de Pénitence

            Le sacrement de pénitence revêt un caractère spécifiquement hiérarchique dans la mesure où la rémission des péchés est accordée en vertu du pouvoir de lier et de délier donné par notre Seigneur aux Apôtres. Dans le sacrement de l'ordre le prêtre reçoit le pouvoir de retenir et de pardonner les péchés. La formule d'absolution est impersonnelle et en même temps personnelle («Moi, prêtre indigne, par le pouvoir qui m'a été donné par Lui, je te pardonne et je te délie»), tandis que dans les autres sacrements la formule est impersonnelle («Le serviteur de Dieu est baptisé» ou «Le serviteur de Dieu reçoit la Communion»).

            L'orthodoxie n'accompagne pas la pénitence d'un acte de satisfaction. Elle voit dans ce sacrement un acte intérieur et volontaire, une résolution de ne plus enfreindre les commandements de Dieu. Elle refuse les indulgences en tant que pardon extérieur des péchés par l'autorité de l'Église. Si l'homme a commis de graves péchés, il se sépare de Dieu et il est indigne de recevoir les Saints Dons. Il est privé alors de la Communion pour un temps plus ou moins prolongé.

            L'acte sacramentel parallèle à la pénitence est le service de l'enterrement avec l'absoute générale, dans laquelle le chrétien reçoit la rémission de ses péchés volontaires et involontaires.

            3) - Le sacrement des Saintes Huiles

            Dans le sacrement de l'onction d'huile sainte l'homme reçoit par la rémission des péchés la guérison de ses maladies spirituelles et corporelles. Ce sacrement se fonde sur les paroles et les miracles de notre Seigneur qui en guérissant les infirmes et les aveugles leur pardonnait les péchés qui étaient cause de leurs malheurs.

            L'emploi de l'Huile pour guérir les maladies remonte également à notre Seigneur qui avait envoyé les apôtres pour la guérison des infirmes par l'onction : «Ils chassaient beaucoup de démons, ils faisaient des onctions d'huile à beaucoup de malades et ils les guérissaient» (Mc 6, 13).

            Ce sacrement est décrit par l'apôtre Jacques dans son épître : «L'un de vous est-il malade ? Qu'il fasse appeler les anciens de l'église et qu'ils prient après avoir fait sur lui une onction d'huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient ; le Seigneur le relèvera et, s'il a des péchés à son actif, ils lui sera pardonné» (Ja 5, 14-15).

            Au sacrement des huiles se rattachent les autres actes d'onction : pendant le baptême, lors de la consécration de l'église et pendant les vêpres solennelles[17].

            4) - Le sacrement de l'Eucharistie

            Le sacrement de l'eucharistie a une double vertu spirituelle. Nous recevons par lui la rémission de nos péchés et nous nous sanctifions par notre réunion avec le Christ Sauveur. En donnant la Communion le prêtre dit : «Le serviteur de Dieu N... communie pour la rémission des péchés et pour la vie éternelle». L'eucharistie a été instituée par le Seigneur pendant la dernière Cène. Son importance pour notre salut a été annoncée par le Sauveur Lui-même : «En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas en vous la vie. Celui qui mange ma chair et boit mon Sang a la vie éternelle et moi, je le ressusciterai au dernier jour» (Jn 6, 53-54).

            Le sacrement de l'eucharistie est un sacrifice qui rappelle le sacrifice du Golgotha et la mort du Sauveur pour nos péchés. Mais après la mort du Christ l'humanité a participé à sa résurrection. Dans le sacrement «nous annonçons la mort du Christ et nous confessons sa résurrection» (canon eucha-ristique).

            L'eucharistie est une fête pour tout chrétien, une rencontre avec le Seigneur. L'homme doit se préparer à cette rencontre par la prière et le jeûne. Ainsi, tout en demandant aux fidèles d'approcher souvent du calice, l'Église ne peut admettre une communion sans préparation.

            Le sacrement de l'eucharistie est la réalisation de notre unité en Jésus-Christ. Le Seigneur a dit : «Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. Et comme le Père qui est vivant m'a envoyé et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mangera vivra par moi» (Jn 6, 56-57). Tous les schismes, toutes les séparations dans l'Église commencent par une rupture devant le saint calice. Comme l'eucharistie n'est pas seulement une rémission des péchés, mais aussi un sacrement du salut et de l'unité, l'Église y fait participer les enfants dès leur plus bas âge, parce qu'ils ont tous reçus la chrismation et sont tous membres de l'Église.

            L'orthodoxie garde précieusement la communion sous les deux espèces pour tout le peuple, se fondant sur les paroles du Sauveur : «Buvez en tous, car ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, versé pour la multitude, pour le pardon des péchés» (Mt 26, 27-28).

            5) - Le sacrement de la Chrismation (Confirmation)

            Le sacrement de la chrismation forme la base de la conception orthodoxe de l'Église, de son unité catholique et de sa direction par le Saint-Esprit.

            Le caractère obligatoire du sacrement vient de la parole du Sauveur : «En vérité, en vérité, je te le dis : nul, s'il ne naît d'eau et d'Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu» (Jn 3, 5).

            Si le baptême restaure la nature de l'Homme, l'onction du Saint Chrême le sanctifie. Le baptême par l'eau nous purifie, le baptême par l'Esprit nous communique le don du Saint-Esprit. En oignant l'enfant avec le Saint Chrême le prêtre dit : «Le sceau du don du Saint Esprit». La prière pendant le sacrement définit avec précision la différence entre les deux baptêmes : «Sois béni Seigneur, Dieu tout-puissant qui nous a donné la sainte purification dans l'eau et la divine sanctification dans l'onction vivifiante».

            Le sacrement de la chrismation est le fondement de la catholicité de l'Église. L'Église toute entière est gardienne de la foi, parce que tous ses membres portent le sceau du Saint Esprit. Comme dit l'apôtre Jean : «Quant à vous, vous possédez une onction, reçue du Saint, et tous vous savez», «Pour vous, l'onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n'avez pas besoin qu'on vous enseigne ; mais comme son onction vous enseigne sur tout, - et elle est véridique et elle ne ment pas - puisqu'elle vous a enseignés, vous demeurez en lui» (1 Jn 2, 20 et 27).

            En dehors de la chrismation personnelle il y a une chrismation des églises, parce que l'Eglise est la demeure de Dieu, qu'elle unit les chrétiens, et qu'elle est le centre de la vie liturgique.

            Le Saint Chrême est le symbole de l'unité de l'Église. Il n'est consacré que par les primats des Églises et il est envoyé par eux aux évêques de leur juridiction.

            6) - Le sacrement de l'Ordre

            L'ordre représente mystiquement le mariage de celui qui le reçoit (l'ordinand), avec l'Église. C'est un sacrement administré obligatoirement par un évêque par lequel l'homme reçoit un don spécial du Saint Esprit pour guider les fidèles dans la voie du salut et pour administrer les saints sacrements.

            L'imposition des mains est un symbole visible de la descente de la grâce, mais ne constitue pas le sacrement en lui-même. Elle doit être accompagnée de l'invocation au Saint-Esprit. L'évêque le dit dans la prière secrète, lors de l'imposition : «Ce n'est pas par l'imposition de mes mains, mais par la communication de tes dons, Seigneur, que la grâce est accordée».

            Les trois ordres majeurs sont l'épiscopat, la prêtrise et le diaconat ; les ordres mineurs en Occident sont : portier, lecteur, acolyte, exorciste, sous-diacre (en Orient, le sous-diacre et le lecteur-acolyte).

            Tous les évêques sont égaux entre eux du point de vue sacramentel. La différence de leurs titres sacrés se rapporte à l'étendue de leur juridiction. Chaque Église autocéphale (indépendante) a un chef spirituel qui porte le titre de Patriarche (Constantinople, Antioche, Alexandrie, Jérusalem, Russie, Serbie, Roumanie,), de Métropolite (Grèce, Pologne, Albanie), d'Archevêque (Chypre, Finlande, Estonie, Lettonie, Géorgie) ou elle est administrée par un Synode d'évêques (Bulgarie)[18].

            7) - Le sacrement de Mariage

            Le sacrement de mariage et les actes sacramentaux de l'entrée dans les ordres monastiques et de la fraternisation qui lui sont parallèles, sont d'origine plus récente. Ils sanctifient les différentes voies de la vie d'un chrétien. L'Église orthodoxe a deux bénédictions pour le sacrement du mariage : la bénédiction nuptiale et le couronnement, qui est le sacrement proprement dit. Il symbolise l'union mystique du Christ et de l'Église et la fondation d'une petite Église (famille chrétienne). Dans le sacrement du mariage la bénédiction de l'Église s'étend à deux fidèles qui deviennent les fondateurs d'une nouvelle génération de chrétiens.

            Dans la profession monastique l'acte sacramentel de l'entrée dans les ordres, l'homme ou la femme reçoit la bénédiction de l'Église pour entrer dans une famille spirituelle nouvelle.

            Dans le sacrement du frère l'Église sanctifie l'amitié spirituelle et l'union dans la charité.

 

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