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22 juin 2012 5 22 /06 /juin /2012 08:29

Les charismes dans l’histoire de l’Eglise orthodoxe

   

Evêque Jean de Saint-Denis

 

 

Conférence prononcée en juillet 1965 à Königstein

Traduit de l'allemand par Marie-France Guillaud

 

Premier congrès œcuménique allemand – thème « Eglise et charisme »

 


Pardonnez-moi de ne pas toujours pouvoir exprimer parfaitement ce que je voudrais dire : il m'est difficile d'utiliser la langue allemande ; je dois chercher mes mots. Je vais faire beaucoup de fautes, non pas dogmatiques, mais grammaticales.

 

Je n'ai pas fait de plan. Vous avez entendu hier et ce matin deux exposés bien construits. Je vais être un petit peu désordonné. Je n'ai pas de temps pour préparer d'une façon poussée. Vous savez, un évêque - c'est peut-être un charisme - vit beaucoup dans le service, et c'est pourquoi nous n'avons pas beaucoup de temps pour des travaux scientifiques. Nous courrons partout, et partout il y a toutes sortes de choses à faire. C'est pourquoi je ne peux pas vous présenter quelque chose de bien bâti, de bien clair.

 

L'ESPRIT-SAINT OEUVRE DANS LE COSMOS

 

Je voulais dire encore que le prêtre orthodoxe syrien (Paul Verghèse), qui a très bien parlé, a déjà dit presque tout ce que je voulais dire. J'étais tellement content qu'il n'ait pas oublié de parler de l'Esprit-Saint dans le cosmos et dans la nature ! Mais il l'a évoqué seulement brièvement.

 

J'ai pensé qu'il serait nécessaire de parler ici de la pensée des Pères (par exemple saint Irénée) estimant que l'œuvre de l'Esprit-Saint dans le cosmos est une chose importante. À la Pentecôte, l'Esprit-Saint n'a pas seu­lement commencé à œuvrer dans l'Église, mais Il a commencé la réno­vation de tout le cosmos. C'est pourquoi il existe potentiellement depuis la Pentecôte une terre nouvelle et un ciel nouveau : c'est l'œuvre de l'Esprit-Saint, avec ses charismes et sa puissance, pas seulement en nous chrétiens, pas seulement non plus dans l'Église, mais dans le monde entier. On doit comprendre par là que le ciel nouveau et la terre nouvelle n'appartiennent pas seulement au futur, mais qu'ils ont déjà commencé à exister avec la Pentecôte. Et dans ce sens, tous les dons charismatiques sont déjà une anticipation du monde véritable. Les miracles ne sont pas quelque chose d'exceptionnel, mais quelque chose qui existe bel et bien et qui existera encore. Dans ce sens les dons charismatiques - les grâces spirituelles - sont déjà les signes du monde nouveau.

 

LE PROPHÈTE ET LES CHARISMES, SOURCE DE CONFLIT DANS L'ÉGLISE

 

Hier et ce matin, on a parlé des charismes de l'Esprit-Saint seulement dans le sens ontologique, dans le sens idéal. Je voulais dire là-dessus, et c'est mon deuxième point, que ce qui est toujours le plus important pour moi, c'est d'entrer dans l'histoire, et que la difficulté particulière avec les charismes réside dans le fait qu'il y a un combat dans l'histoire entre le Saint-Esprit et le Démon, entre l'Église et le monde. Une autre difficulté : dans l'histoire de l'Église, les charismatiques ont toujours eu beaucoup de difficultés dans leur vie, non seulement l'extérieur, mais plus encore dans l'Église elle-même. Lorsque l'Esprit-Saint agit dans l'Église, ce n'est pas toujours si facile à supporter. Il y a beaucoup de gens qui ne veulent pas qu'il y ait de charismatiques dans l'Église. Je vais vous donner trois exemples tirés de l'histoire de l'Église.

 

Le premier concile œcuménique de Nicée, ou le sixième et le septième. Que s'est-il passé ? Il y a là une Église, tous les évêques sont présents. Croyez-vous que c'était simple ? Non, c'était un combat Ce n'était pas aussi simple qu'on le croit. Et voilà qu'à ce premier concile, au milieu de la foule des évêques, il y avait un prophète, un prophète charismatique, Athanase d'Alexandrie. C'est le com­bat dans l'Église entre les institutions, la tradition et un homme charismatique.

 

Et le deuxième concile - regardez vie de saint Basile [le Grand] : il était presque seul, mais il était un charismatique dans l'Église. Un évêque lui a dit : « Basile, tu dois faire un compromis en matière de théologie, tu es seul ». Et il a répondu : «Non, nous sommes quatre, le Père, le Fils et le Saint­ Esprit, et peut-être moi-même, » Pourquoi dis-je cela ? Comme saint Paul, saint Basile a dit un jour : « Celui qui croit comme je crois, celui-là est dans la vérité. Et celui qui dit autre chose n'est pas dans la vérité ». Ce n'était pas une affaire personnelle, c'était charismatique, c'était l'Esprit-Saint [qui parlait].

 

Et encore, saint Maxime [le Confesseur] au concile [de Latran] en 649. Ce fut vraiment effroyable ! Rome, Alexandrie, et toutes les grandes Églises étaient d'un côté, et lui était entièrement seul, et on lui a coupé la langue pour qu'il se taise. Et plus tard, il est mort en exil.

 

Il y a un problème qui se pose dans la communauté ecclésiale : un concile, des évêques (comme moi) d'un côté, des prophètes charismatiques et des saints de l'autre côté, et ceci arrive encore de nos jours. Et si je voulais, je parlerais des grandes difficultés que Padre Pio (il n'est pas canonisé, il est encore en vie) a rencontrées dans l'Église de Rome ! On n'a pas le droit d'oublier ces problèmes. ' Pourquoi dis-je cela ? Lorsque le  Saint-Esprit œuvre et se manifeste, Il prend deux aspects. D'un côté, Il est inscrit dans les profondeurs de nous-mêmes, de l'Église, plus fonda­mental que mon moi, que ma personnalité, bien plus fondamental ! De l'autre côté, le Saint-Esprit a des manières qui ne sont pas des plus agréables. Sa façon d'agir est souvent telle que la mentalité bourgeoise, celle des braves gens, ne peut pas le supporter. C'était ainsi avec les prophètes, mais pas seulement autrefois : aujourd'hui et demain, c'est exactement pareil, les conflits surgissent.

 

Quand je dis conflits, il n'y a assurément aucun conflit entre Dieu et le Saint-Esprit - ils sont ensemble ; et il n'y a non plus aucun conflit dans l'Église à laquelle nous croyons, l'Église une, sainte, catholique et apostolique. Mais comment voyons-nous cette Église ? Comme la fiancée du Christ et le temple du Saint-Esprit. Saint Justin a dit que l'Église a deux aspects : elle est la fiancée du Christ, mais elle est aussi une pécheresse. Et le conflit se produit dans l'histoire des charismes, pas dans l'Écriture Sainte, et pas non plus au sein de la Divine Trinité, mais dans l'œuvre de l'Esprit-Saint. Entrons dans l'histoire, et nous nous trouverons au milieu de ce conflit !

 

Plus tard tout est différent : par exemple, un saint a beaucoup de difficultés ; il meurt, et quand il est mort, alors on le canonise. Alors tout va se tranquilliser. On le prie pour qu'il nous aide, on écrit beaucoup de livres sur lui, on peint des icônes dans l'Église orthodoxe, tout est bien tranquille. Tout ce que saint Jean [de Cronstadt] a souffert de la part de l'Église est oublié, toutes les difficultés sont oubliées. C'est une grand figure et il est le patron de mon épiscopat. Mais lorsqu'il vivait et qu le Saint-Esprit oeuvrait, ce n'était pas si facile. Il fallait que je vous parle dd ce point. L'histoire des saints et l'histoire des pécheurs.

 

L'ÉGLISE ÉTAIT, EST ET SERA CHARISMATIQUE

 

 Et maintenant, mon troisième point, le plus important : j'étais jeune et on parlait de glossolalie[1] et d'autre charismes dans l'Église primitive. E il y avait là un professeur, un évêque et d'autres personnalités et ils ont dit «Maintenant nous n'avons pas besoin de charismes. C'était nécessaire pour l’Église des premiers siècles parce qu'elle était faible. Maintenant nous pouvons dire bien tranquillement : Jésus est notre Seigneur. Et nous n'avons pas besoin de l’Esprit-Saint parce que nous avons des catéchismes, nous avons des chaires d'enseignement théologique, des pasteurs, et notre mère peut nous raconter tout cela, et nous pouvons y croire. Oui, bien sûr, il y a aussi des charismes dans l'Église, mais c'est une exception une exception extraordinaire... et surtout pas trop: cela dérange !» Mais, si l'on regarde l'histoire de l'Église orthodoxe depuis deux mille ans, on voit un fleuve de charismes, un grand fleuve.

 

Si l'on veut examiner un peu l'histoire, il n'y a aucune époque, aucun peuple et aucune Église locale qui n'ait eu encore et toujours de manifestations de l'Esprit-Saint ; et l'on peut dire que sans l'élément charismatique on ne peut pas comprendre l'Église orthodoxe.

 

On a parlé hier de l'épiclèse (l'invocation de l'Esprit-Saint). Nous sommes en effet tout à fait traditionalistes, ritualistes et très désagréables, nous, les orthodoxes ! Si l'on tient un discours, ne serait-ce qu'un petit peu œcuménique, alors ce n'est pas orthodoxe. Et si je fais quelque chose, une vieille femme est capable de me dire : «Tu ne fais pas le signe de croix comme il faut ». Ce n'est pas si facile d'être orthodoxe. Ils sont très formels, ritualistes et dogmatiques... Mais ce n'est qu'un aspect. L'autre aspect de l'Église orthodoxe est charismatique : un charismatique ou un saint a peut-être davantage d'autorité qu'un évêque. Au XIXème siècle, par exemple, il y avait un bon évêque et une vieille femme, et elle était prophétesse. L'évêque prêchait dans l'église et cette prophétesse lui a dit : « Tais-toi, tu dois dire ceci et pas cela ». Et l'évêque a répondu : «Pardonne-moi ». Je pourrais raconter mille petites histoires comme celle-ci et c'est pourquoi l'on peut dire que dans l'Église orthodoxe, charismes et hiérarchie marchaient de pair comme le pouce et l'index d'une main, étroitement unis. C'est facile à comprendre parce que nous n'avons pas de centre, comme l'Église catholique romaine a le pape. Pour comprendre l'Écriture Sainte, il est nécessaire d'avoir aussi le Saint-Esprit. L'opinion d'une Église ou d'un concile peut être tout à fait juste, mais aussi tout à fait fausse. Tout est nécessaire, mais je crois cependant que, sans le Saint-Esprit, nous ne pouvons pas rester dans le droit chemin.

 

Je vais maintenant vous dire quelque chose de très désagréable. J'ai conté cela dans une association de pasteurs en France, où il y avait bien cents pasteurs. Ils ont demandé si l'Écriture Sainte et l'orthodoxie se contredisaient, et nous avons tout expliqué : si l'Écriture Sainte venait à se perdre, nous croyons que l'Esprit-Saint dicterait de nouveau cette même Ecriture à quelqu'un d'autre. Dans ce sens, l'Église orthodoxe est toujours épiclèse, invocation de l'Esprit-Saint. Saint Basile a dit un jour ces paroles - je ne sais pas pourquoi saint Basile vient aujourd'hui toujours à l'esprit... un préfet lui disait : « Savez-vous, Basile, vous êtes un homme intelligent mais je pense que l'Église chrétienne n'est pas très bien organisée, cela crée beaucoup de difficultés en ces temps. Il faut bâtir cet ensemble mieux que cela ». Et saint Basile répliqua : « Si c'était trop bien organisé, alors on oublierait d'appeler l’Esprit-Saint. En effet, nous aimons la paix et la tranquillité, mais aussi les situations qui nous rendent conscients de la nécessité que Dieu et le Saint-Esprit agissent en nous. Il est en effet nécessaire à tout moment que le Saint-Esprit travaille en nous. »

 

Pourquoi ce professeur dont nous avons parlé était-il d'avis que les charismes n'étaient que des exceptions, et qu'ils étaient quelque chose de singulier dans l'histoire ? Pourquoi a-t-on peur des charismes ? J'ai déjà dit que l'Esprit-Saint n'est pas si facile à comprendre. Mais lorsque le Saint-Esprit nous réveille, les charismes ont pour caractéristique d'être souvent trop vivants, trop divins, trop libres, trop nouveaux, trop spontanés. Et dans ce monde nous sommes plus de l'esprit des morts que de l'esprit des vivants. La plupart des gens aiment plus la mort et tout ce qui est statique : nous avons enfin une situation, nous avons notre tranquillité !

 

Un de mes amis de jeunesse disait : «Nous ne mourrons pas à 70 ou à 80 ans, mais à 30 ans ». D'abord, nous sommes étudiants et jeunes théologiens, nous expérimentons tout très spontanément. Puis on se marie, on exerce une profession, et ensuite on attend tout le reste du temps jusqu'à ce qu'on ait atteint l'âge, jusqu'à ce qu'on puisse vivre sans travailler en recevant une pension de retraite. Mais l'Esprit-Saint est une autre pension, une « pension vivante » (On ne peut pas écrire cela sur un papier !). La caractéristique de l'Esprit-Saint, c'est la joie ! Mais nous, les hommes, nous avons peur aussi de l'Esprit-Saint, nous avons peur de la vie, nous avons peur de la nouveauté. Dans ce sens, l'action de l'Esprit-Saint est toujours la même, Il prend tout du Christ, ce n'est rien de nouveau, et pourtant, c'est toujours nouveau !

 

Encore un exemple : un prédicateur dit toujours les mêmes paroles. Mais quand il parle [inspiré] par l'Esprit, vous entendez la même parole comme quelque chose de tout à fait nouveau. On aime cela et on éprouve de la crainte parce que la grâce est quelque chose de si délicat. Mais lorsqu'elle est puissante, elle est lourde à porter. Un homme du Mont Athos disait qu'il était très difficile de vivre aux côtés d'un saint : on ressent l'Esprit-Saint trop fortement.

 

LE DISCERNEMENT DES ESPRITS, PAR L'ESPRIT QUI VIT EN NOUS

 

Une autre difficulté concernant les charismes dans l'Église, c'est le discernement des esprits. On n'a pas suffisamment le don du discernement des esprits. Saint Antoine a demandé un jour à douze hommes quelle grâce ils souhaitaient recevoir. L'un a dit : la pureté ; les autres : la contrition, la connaissance de soi, le repentir, le courage des confesseurs, etc. Saint Antoine a dit : «L'essentiel est le discernement des esprits. » Et c'est un grand problème parce que sans la capacité de discerner, on peut regarder une largesse du Démon comme un don généreux de l'Esprit-Saint. Je voulais simplement vous dire que ceci fait peur aux gens. Mais on peut confondre aussi des moments psychiques, des forces cosmiques avec l'Esprit-Saint C'est un grand problème. Je ne peux pas en parler aujourd'hui. C'est aussi une grâce de l'Esprit-Saint que de distinguer cela, mais on doit prier pour qu'Il accorde cette grâce. Pour un prêtre par exemple, c'est très difficile s'il ne possède pas cette grâce. C'est assez facile de dire à un pécheur : «Tu ne dois pas être pécheur ! ».Mais la difficulté n'est pas là, elle est de voir : «Dans quel esprit es-tu ?»La grâce du discernement des esprits est très fortement représentée dans l'histoire de l'Église orthodoxe ; c'est chez les starets, moines ou laïcs, femmes ou hommes, qu'elle apparaît le plus. C'est un don extrêmement important. C'est très difficile pour un prêtre, et je suis prêtre, de prendre soin des âmes sans cette grâce.

 

Ces deux choses, notre amour de la mort et de tout ce qui est statique et l'absence de discernement des esprits, font peur à beaucoup de gens. Il leur manque la foi profonde. Saint Paul a dit que c'était le point théologique le plus important de ce temps. Nous savons que le Saint-Esprit vit à l'intérieur de l'Église, de même qu'Il était dans le Christ. Le Christ est non seulement le Dieu qui s'est fait homme, Il est composé non seulement de deux natures comme Paul et Jésus-Christ l'ont montré, mais Il est également le temple de l'Esprit-Saint. Il est « theantropos », Dieu-homme. Il est aussi homme divinisé parce que la première des choses, c'est que le Saint-Esprit réside au plus profond d'un chrétien et également auprès de nous, dans l'Église.

 

MULTITUDE DE DONS ET UN SEUL ESPRIT

 

Mais, il y a encore un autre problème : on dit très souvent que le Saint-Esprit unit, qu'Il réalise l'union entre nous et Dieu, et entre les frères. Nous avons lu chez saint Paul que, non seulement Il unit, mais qu'Il personnifie, qu'Il exalte la personne, l'hypostase ; les dons et les grâces sont donnés à chaque homme personnellement car chacun est unique. En effet, la communauté est une, et chaque individu est unique. La catholicité n'est pas seulement l'unité d'un corps, c'est une union de [personnes] uniques, une multitude d'êtres particuliers. Et dans ce sens, les charismes sont personnels, les grâces pour « un chacun » comme saint Paul l'a dit. La communauté, l'Église, n'est-elle pas union de tous pour le bien de chacun ? Dans ce sens, il y a dans l'histoire des conflits psychologiques entre la personnalité de l'individu et le caractère collectif de la communauté. Nous connaissons cela à travers l'histoire de l'humanité. À propos de ce travail entre l'Esprit-Saint et l'Église, saint Paul a dit : « Il y a beaucoup de dons, mais il y a un seul Esprit ». (Je laisse de côté la question des « ministères »... je vois l'image de la Divine Trinité, mais ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui.)

 

Il parle ensuite du Corps du Christ : le corps est une chose, mais l'œil et l'oreille sont une autre chose. Unité du corps, et cependant chacun a sa personnalité, ses particularités propres. Aucun autre ne peut occuper ta place. Saint Maxime le Confesseur a dit que le but de la création est de s'unir à Dieu et que chaque élément trouve son identité éternelle. D'un côté, l'union à Dieu, tout réunir avec Dieu. Mais ceci peut être dit aussi par un Platon ou par un homme qui vient des Indes. Il est beaucoup plus important que chaque homme, chaque chose et chaque atome trouve son identité éternelle. Et les charismes sont aussi une composante de ce mouvement qui marche vers la terre nouvelle et vers le ciel nouveau, là où Dieu sera tout en tous.

 

D'un point de vue psychologique, il y a un conflit à l'extérieur et à l'intérieur de l'Église entre ce qui est personnel, la liberté de la personne, et ce qui est collectif, la communauté. Saint Paul a dit: « Chaque don de la grâce est en vue des besoins de la communauté. » Mais c'est souvent comme si la communauté disait : nous n'avons pas besoin de charismes. [C'est pourquoi] chaque personnalité charismatique aura ses difficultés. Mais c'est aussi très difficile de distinguer de l'extérieur s'il s'agit d'égoïsme ou d'ambition personnelle non ecclésiale, [qui ne se met pas] au service de la communauté, ou s'il s'agit d'une personnalité charismatique qui se dévoue à la communauté. Je peux facilement dire en effet : «Je veux tout réformer au profit de la communauté», ce qui peut n'être qu'une illusion. Mais je peux aussi me mettre tellement à l'écoute de la communauté que j'en perds ce que le Saint-Esprit m'a donné. Nous n'avons pas le droit non plus d'oublier cela. Plus tard, à la lumière de l'histoire de l'Église, on voit bien clairement s'il s'agissait d'un faux ou d'un vrai charismatique. Mais sur le moment, ce n'est pas facile à reconnaître.

 

Bien sûr, tous les membres de l'Église possèdent un don de grâce personnel ou plusieurs dons. Les uns ont plus, les autres moins. Ce qui est admirable, c'est que nous ne sommes pas égaux. Si, par exemple, j'ai peu de dons, que je suis seulement un tout petit homme, et qu'un autre a beaucoup de dons, c'est admirable. Je peux dire en effet : «Je suis grand en lui ». Un être humain qui a très peu de dons, qui mène une vie médiocre et triste, celui-là peut dire : «Les autres ont, et c'est admirable».

 

LES SAINTS, CES ÊTRES CHARISMATIQUES

 

        Tous ont des charismes, mais l’histoire de l'Église ne permet pas de connaître lesquels chez tous ses membres, c'est impossible. Nous possédons un témoignage du fait que les charismes ont toujours existé dans l’Église historique, nous appelons cela « les saints ». Il y a des charismatiques qui ne sont pas des saints, mais il y a également des saints qui sont déjà parvenus à un haut degré d'évolution. Les saints sont des êtres charismatiques. Dans l'histoire de l'Église, il n'y a aucune période qui ne compte pas de saints. C'est une autre succession que celle des évêques (qui est la succession apostolique) : c'est une succession charismatique qui va des apôtres jusqu'à nos jours. Quand le simple fidèle prend un calendrier, il voit vingt, trente noms et chaque nom est celui d'un charismatique ou d'un saint vraiment très grand... Et beaucoup ne sont pas canonisés.

 

Il y a vingt ans, j'ai commencé à écrire l'histoire des saints dans l'Église. C'est là où l'on voit que l'élément charismatique a toujours existé dans l'Église. Mais il est difficile à reconnaître parce que l'histoire de l'Église est écrite, la plupart du temps, de telle sorte qu'on y rend compte seulement des intrigues entre les évêques, entre les confessions, ou des difficultés avec l'État. Mais on ne parle pas beaucoup de l'Esprit-Saint. Quand on ouvre les livres, on s'aperçoit qu'on ne parle pas beaucoup de l'Esprit-Saint dans l'histoire de l'Église, et qu'on dit peu de choses sur les saints. Par exemple, on ne peut pas beaucoup parler de saint François [d'Assise] ; on dit juste quelques mots sur lui. Le plus souvent, on rend compte de ceux parmi les saints qui ont accompli une œuvre historique dans le domaine pratique ou social. Nous ne possédons le plus souvent qu'une histoire fausse. Dans l'Ancien Testament, on parle de miracles mais quand on lit l'histoire de l'Église, que deviennent les miracles ? « Des légendes ! C'était peut-être ainsi dans les premiers siècles !» Voilà quelle est l'atmosphère lorsqu'on étudie cette question. C'est dans ce sens que les choses sont difficiles à reconnaître.

 

Naturellement, il existe des biographies de saints. Mais ces biographies ne sont pas la vie elle-même. On voit la personnalité, mais en partie seulement ; elle est déformée.

 

CHARISME D'UNE ÉGLISE, D'UN PEUPLE, D'UNE ÉPOQUE

 

C'est très difficile de bien décrire cela. Mais pourtant, chaque Église locale, chaque époque dans l'Église, chaque peuple chrétien possède assurément des dons charismatiques, et aussi sa personnalité, mais il faudrait réécrire tout cela. Dans les sept Églises de l'Apocalypse, nous voyons aussi bien sûr les Églises locales de l'époque, mais elles appartiennent également au programme de l'histoire.

 

L'histoire de l'Église est l'histoire des charismes, du Saint-Esprit, de la sainteté, mais aussi des pécheurs. Si on parle d'une Église en disant : « Ceci est bon et cela est bon, et ceci est une grâce et ceci est une erreur »,alors on ne peut pas parler d'une histoire des charismes sans évoquer aussi le travail de l'Esprit-Saint et l'histoire des pécheurs. En effet, chaque peuple, chaque Église et chaque époque a eu ses problèmes et ses ombres.

 

Mais il y a une chose importante : je pense qu'un vrai chrétien catholique orthodoxe doit aussi voir, savoir et sentir quel charisme, quelle grâce de l'Esprit-Saint est offerte à un peuple donné. Les Allemands ont un charisme, les Russes en ont un autre - et il y a aussi les charismes d'une Église locale, d'une période donnée, du XXème  siècle. Tous les charismes sont là, mais pas toujours. Je n'ai pas trouvé, par exemple, ces derniers temps le charisme de la glossolalie. Il y avait un pasteur luthérien qui a parlé de glossolalie en Amérique. Peut-être que cela existe, mais je n'en ai pas trouvé.

 

On doit dire que saint Paul a nommé beaucoup de dons de la grâce mais pas tous. On ne doit pas compter ici vingt ou onze ou neuf. Il y a une grand quantité de charismes qui sont mentionnés dans l'Écriture Sainte, mais on n'a pas pu les nommer tous.

  

LE CHARISME DU COMBAT CONTRE LES DÉMONS

 

Je voulais vous montrer un grand panorama historique, mais c'est très difficile. Par exemple, je voulais parler de l'expulsion des démons, c'est une chose importante à notre époque. Voici mon opinion : le XVIIIèmesiècle fut une époque de naturalisme, le XIXème, l'ère de la biologie, du socialisme, et maintenant nous avons celle de la psychologie et de la démonologie. Nous rencontrons souvent des problèmes démoniaques chez les fidèles. Actuellement, les gens qui sont capables de chasser les démons sont souvent aussi nécessaires qu'un médecin.

 

Et après l'époque du matérialisme, nous tomberons dans celle du faux spiritualisme. Nous marchons tout droit et à grands pas vers l'anathème à l'égard de Jésus. Ce n'est pas avec le matérialisme que nous aurons bientôt des difficultés, mais avec le spiritualisme. Cela vient : le Démon est toujours là. Il a toujours été là, mais il a œuvré sous des visages différents. Maintenant son action est telle qu'on doit le chasser, et vous voyez la difficulté : il n'y a pas assez d'exorcistes, il n'y a pas assez de charismatiques qui puissent jeter dehors le Démon.

 

J'aurais voulu témoigner de beaucoup de grands saints, qui ont été des exorcistes, par exemple saint Cyprien au IIIème siècle (pas l'évêque de Carthage). Et je serais ainsi arrivé jusqu'aux exorcistes orthodoxes d'aujourd'hui, dont l'un vit actuellement en Grèce. Dans l'histoire de l'Église, nous rencontrons toujours ceux qui ont mené le grand combat contre les démons.

 

VOUS FEREZ DES MIRACLES PLUS GRANDS ENCORE

 

Les miracles et les guérisons, tous ces charismes, nous les trouvons partout et en tous temps. Mais il y a encore d'autres charismes. Je raconterai peut-être cet après-midi quelque chose sur les saints du XXèmesiècle qui ont accompli des miracles.

 

Maintenant, je voudrais encore attirer votre attention sur un problème : quand on lit l'histoire de la vie d'un saint, on vous dit : « ce sont des légendes ». C'est en effet impossible que quelqu'un puisse faire des miracles. Comment peut-on ressusciter quelqu'un, marcher sur les eaux ou se déplacer instantanément d'un endroit à un autre ? « Ce sont des légendes dorées », dit-on en France, on a raconté cela en des temps reculés, c'est imaginaire et irréel. Mais je dois vous dire qu'au XXèmesiècle, dans ma propre vie et chez d'autres personnes, j'ai vu tous ces miracles, ils sont bien concrets. Si cela a pu se passer au XXème siècle, pourquoi pas alors aussi au XIème, au XIIème ou au XIVème siècle ? Premièrement, les miracles sont possibles ne serait-ce qu'à cause de cela, et deuxièmement le Christ a accompli beaucoup de miracles durant sa vie et ceci tout naturellement, et nous le faisons aussi. Ce n'est rien de bien particulier - ou alors nous ne suivons pas l'Évangile, ou alors nous ne sommes pas membres du Corps du Christ ! Lorsque la tête fait quelque chose, les membres doivent également le faire, et Il a dit : « Vous ferez davantage !» Si j'avais le temps, je pourrais vous raconter beaucoup de choses semblables tirées de mon existence.

 

Je voudrais mentionner encore brièvement devant vous un charisme, un charisme cosmique - tous ces problèmes de l'autre côté du monde - être transporté à un autre endroit, là où le vent et le temps obéissaient à la prière. Nous sommes les rois de la terre, parce qu'avec la grâce de l'Esprit-Saint, nous pouvons également exercer une force dans le cosmos. Par exemple, le Christ a apaisé la tempête sur le lac, et beaucoup de saints l'ont fait aussi - par exemple, Antoine, un saint russe très connu, ou encore ce prêtre d'un village de Russie. Un jour qu'une grande sécheresse régnait, ce dernier pria pour que la pluie arrive. Il partit aux champs et prit avec lui non seulement un siège mais aussi un parapluie. Arrive alors justement un instituteur un peu progressiste en disant : «Il a su à l'avance par les informations qu'il allait pleuvoir !» Non, ce prêtre simple avait dans la prière le pouvoir d'influencer les forces de la nature ; mais, il n'avait pas de don pour guérir les malades, et il n'était pas un saint, mais un bon prêtre.

 

Il y a toutes sortes de charismes, par exemple, le don des larmes, le charisme de pleurer, et c'est une chose admirable. Il y a aussi le charisme de reconnaître les fautes. On peut trouver dans l'histoire de grands charismes.

 

Je ne pouvais pas vous présenter l'histoire des charismes dans l'Église orthodoxe en quelques mots. Si je survole du regard la brève période de deux mille ans qui correspond à l'ère de l'Église chrétienne, je ne peux pas dire qu'il y ait une période où il y ait eu vraiment beaucoup de charismes ou vraiment peu. On peut seulement dire qu'il y a des époques où tel charisme est davantage présent, et des époques où tel autre est plutôt présent. Prenons le charisme de la gnose - c'est-à-dire, la théologie charismatique. La vraie théologie n'est pas la théologie scientifique, mais, je pense, la théologie charismatique. Nous voyons que la théologie charismatique a été très présente aux IVème et Vème siècles, jusqu'au VIIème siècle. Ensuite, elle décline petit à petit, et c'est le début de la théologie scolastique, sans la même force. Alors un autre charisme arrive à cette époque, venu d'un autre horizon, chez saint Syméon [le Nouveau Théologien] - un charisme pneumatique : la capacité de voir l'Esprit-Saint intérieurement, dans sa vie. À une autre époque, il arrive autre chose. Il existe ainsi une ligne... mais c'est un grand travail que de regarder et mettre en évidence dans quel lieu et à quelle époque certains charismes apparaissent plus que d'autres. Ce travail n'a pas encore été fait.

 

Pour notre Église orthodoxe, par exemple, la divine liturgie est aussi charismatique, elle n'est pas seulement tradition... liturgique. Mais c'est une grande question que je ne peux pas aborder pour le moment. Veuillez pardonner mon discours.

 


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5 juin 2012 2 05 /06 /juin /2012 07:30

Magie, science et liturgie  

             

 

Rencontrant dans la mythologie, dans la littérature, dans les contes, ces êtres étranges, partiellement hommes et partiellement bêtes, nous pouvons constater que les quatre Vivants ouvrent un monde analogique comme les roues ouvrent un monde analytique.

            Mais il y a une très grande différence entre le monde analogique liturgique et le monde analogique magique. Ces deux traditions dans l'humanité procèdent de Seth et de Caïn. Ne parlons pas ici de la tradition d'Abel qui est celle du Christ, la tradition du sacrifice et du sacrement.

            La tradition exprimée dans la Bible par Seth et par son fils Énoch, est une montée vers Dieu et consiste en ce que la connaissance analogique est en face de Dieu et pour sa louange. Elle ne se retourne pas vers le monde inférieur mais tout est en Dieu et vers Dieu.

            À l'inverse, la magie capte des puissances et se retourne avec puissance vers le monde. Et l'analogie n'est plus alors un chemin vers l'Unique, mais au contraire un instrument par lequel nous prenons connaissance, conscience et même puissance sur le monde extérieur, physique... sur la Création.

            Voilà les deux aspects, la distinction entre ce qui est magique et ce qui est liturgique, Caïn recevant le signe qui le protège; et Seth recevant le Nom divin pour le glorifier.

            Quand nous évoquons ces êtres étranges qui ont parfois des têtes de bœuf, ces êtres synthétiques, ces analogies analogiques, ou prototypes analogiques, s'ils sont tournés vers le monde et séparés de la louange de Dieu, ils deviennent des entités, s'ils sont tournés vers Dieu et le louent, ils deviennent des personnalités. On comprend ainsi pourquoi l'homme peut exploiter les puissances angéliques sans avoir de contact avec les anges et sans les connaître. Autrement dit, si ce réveil (cette pendule) qui est devant moi et qui est matière, commence à chanter Dieu : «Saint ! Saint ! Saint !» ou «Béni soit notre Dieu !...», il cesse d'être un objet et devient un ange ou, plus exactement, une personne. De même, si une puissance spirituelle, une force, une énergie, un élément se manifeste et s'il se met à chanter Dieu, c'est un ange, mais s'il ne chante pas Dieu, s'il ne célèbre pas la liturgie, c'est une force, une puissance, une énergie qu'exploite la magie... ou la science.

            La science est la magie. Il n'y a aucune différence entre la magie et la science parce que l'une et l'autre exploitent des forces et des puissances sans que ces dernières donnent leur acceptation et sans qu'elles louent Dieu.

            Entre un homme qui fait exploiter le pétrole scientifiquement ou celui qui, par des gestes magiques, transforme un être en souris ou en vapeur, il n'y a pas de différence. Tous deux opèrent de telle manière qu'ils exploitent telle ou telle puissance - puissance du pétrole qui est extrait de la terre, ou puissance spirituelle - sans même dire merci, sans louer Dieu ni le faire louer par la puissance dont ils se servent.

            Et cependant la matière - le réveil, le pétrole - loue Dieu, mais d'une autre manière, car toute la nature loue le Seigneur, par sa présence et par son être... Mais, de manière consciente, c'est à l'homme d'appeler la matière à louer Dieu. Tous les matins, les chrétiens chantent que le ciel et la terre, les frimas, les gelées... louent le Seigneur. À nous d'annoncer Dieu à la matière, au soleil, à la lune, à notre table, à nos sourcils, à nos yeux, à tous les éléments nobles ou moins nobles. À nous de les appeler à la liturgie cosmique. À nous d'être le préchantre, à nous d'être le canonarque qui donne le ton exact pour chanter Dieu. 

 

Moseigneur Jean, évêque de Saint Denis (Eugraph Kovalevsky) ; L'Angéologie, chapitre 19

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2 juin 2012 6 02 /06 /juin /2012 10:02

COMME UNE RIVIÈRE DE PRINTEMPS  

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Tout est étonnant, tout est sublime, lorsque l'on touche l'Esprit-Saint. Je pensais en venant à l'église : je dirai ceci, je dirai cela..., mais en écoutant la lecture des Actes des Apôtres, j'ai éprouvé le désir de parler d'une approche du Saint-Esprit.

L'Esprit a fondu sur les Apôtres, sur la Mère de Dieu, sur cent-vingt personnes, comme des flammes de feu sacré, comme l'amour et la puissance dans le monde, et, par eux, sur nous tous. Le monde refroidi a reçu pleinement, largement la flamme de la vie divine.

Et alors, dès que l'Esprit-Saint eut touché, pénétré ces cent-vingt personnes, ces douze apôtres, quel fut le premier miracle, le premier témoignage de sa présence? Ils commencèrent à parler toutes les langues, et les gens venus de toutes contrées s'exclamaient : ils parlent notre langue ! Ces apôtres illettrés qui, dix jours avant l'Ascension, posaient encore des questions indignes à Nôtre-Seigneur, s'occupant de la politique d'Israël, cherchant des miracles extérieurs, ces apôtres remplis de doutes, si mal préparés, se jettent en cet instant dans la foule et parlent toutes les langues. Et chacun dans cette foule s'écrie : ils s'adressent à moi, ils parlent mon langage !

Je me pose alors la question : quel critère donnerai-je, est-ce une religion de l'Esprit-Saint, ou est-ce une religion de la lettre? L'Esprit-Saint est-Il réellement présent, ou s'il est absent, dirige-t-il vraiment la communauté, ou s'imagine-t-on qu'il la dirige?

Aujourd'hui, solennité de Pentecôte, les paroles des Actes des Apôtres me permettent de répondre : là où est l'âme universelle, catholique, là où elle sait parler à tous, familière aux diverses mentalités, l'Esprit est là. Mais si l'âme est rétrécie et sourde aux différents langages, nécessités, pensées, psychologies humaines, l'Esprit n'est pas présent. Voilà ce que veulent signifier les Actes des Apôtres. Plus l'Esprit travaille notre intérieur et agit dans notre âme, plus notre oreille devient compréhensive. L'homme qui comprend les mystiques et pas les rationalistes, les matérialistes et pas les spiritualistes, rencontre des esprits et point l'Esprit.

L'Esprit-Saint saisissant notre âme, l'Eglise, l'humanité, nous avons alors cet élargissement de la compréhension qui comprend tout. Lorsque en écoutant la vérité vous vous dites : cet homme prêche pour moi, c'est que le souffle de l'Esprit l'anime; si, à l'inverse, vous pensez que ce prêtre a bien prêché mais que cela ne vous regarde pas, c'est que l'Esprit est absent.

Ainsi, mes enfants, soyez des enfants de lumière ! Vous rencontrerez peut-être sur votre route des êtres, des groupes, des églises, des doctrines, des méthodes, qui vous affirmeront : «Chez nous est la Vérité » ; ils parleront bien et vous serez convaincus. Mais vous remarquerez, je l'espère, que cette doctrine, cette méthode, cette chapelle, ce maître, n'ouvrent pas votre oreille à la compréhension profonde; dites alors à ce maître, à cette chapelle, à cette organisation : l'Esprit de Dieu manque. Car lorsque descend sa flamme, II donne cet amour soudé à la connaissance, qui fait que chez les opportunistes, les indifférents (il est une compréhension des indifférents) l'oreille se dresse, écoute; devant l'homme vibrant du Saint-Esprit, il semble soudain lorsqu'il commence à parler qu'il appartient à toutes les nations, qu'il sent «l'âme», la psychologie d'un Français, d'un Allemand, d'un Grec, d'un Serbe, d'un Espagnol; il est proche, il discerne l'intellectuel, le saint, l'homme intelligent ou l'homme dépourvu d'intelligence, le malheureux ou le joyeux, le bon-vivant ou l'ascète.

Etrange curiosité : les saints emplis du Saint-Esprit peuvent parvenir à une perfection de pureté, d'intégrité, de virginité, ils peuvent posséder la puissance de guérir les malades, acquérir la connaissance de la sagesse qui dépasse les autres sagesses. Et pourtant, si l'impur, l'ignorant, le faible se tournent vers eux, ils rencontrent un être qui les écoute comme un frère et non comme un supérieur parce que ce sont des saints véritables. Le saint avec l'ignorant semblera ignorant, avec un faible il sera comme un faible et non comme un homme fort et puissant; par humilité? Oui, mais aussi parce que l'Esprit qui réside en lui a ouvert les oreilles, les yeux, le cœur afin qu'il ne soit ni exclusif ni renfermé.

Le jour de Pentecôte, la nouvelle foudroyante de l'Esprit-Saint, descendu comme une bombe atomique, une vivante rivière de printemps, un vent impétueux, sur cent-vingt personnes inconnues en Palestine, cette nouvelle se répandit immédiatement dans l'univers. Pourquoi? Parce qu'elle appartenait à l'univers, à l'universalisme intérieur, non extérieur, qui définit la présence de l'Esprit.

Ce qui est opposé à l'Esprit-Saint et à sa flamme, ce sont la crainte, la peur, l'hérésie, la secte, l'esprit diminué.

Priez donc aujourd'hui que le Feu divin fasse éclater votre cœur, votre intelligence, brisant les murs et les entraves afin qu'il agisse en vous de telle manière que vous n'ayez plus de murs mais des oreilles, des espaces dans votre cœur pour embraser par votre prière, par l'amour, par la compréhension et la bonne volonté, l'univers tout entier.            Amen !


Evêque Jean de Saint-Denis Homélie pour la Pentecôte, 1959

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14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 10:11

Homélie de Monseigneur Jean (Eugraph Kovalevsky), 

 évêque de Saint-Denis, le 19 mai 1955, en la fête de l'Ascension 


Chaque mystère divin renferme une multitude d'aspects, une force et une richesse inépuisables !... J'ai souvent abordé le mystère de notre nature périssable, devenue par le Christ, impérissable. J'ai souvent parlé des apôtres et de leur tristesse en voyant le Seigneur les quitter.

Si je ne pars pas, l'Esprit ne viendra pas à vous...Jean 16, 7.

Aujourd'hui, mes amis, je voudrais exalter une vertu liée à cette fête de l'Ascension, une vertu qui nous élève au-dessus des hommes et nous rend inébranlables, qui ferme la bouche au tentateur, qui donne les ailes pour nous élever à la Droite du Père. Les Pères de l'Église l'appellent l'œil droit du cœur de Jésus.

Cette vertu, c'est l'humilité.

Plus l'humilité est authentique, plus nous montons au-dessus des cieux ; plus l'orgueil est grand, plus nous descendons dans l'abîme.L'orgueil, disait saint Grégoire de Nysse, c'est la montée vers le mal ; l'humilité, c'est la descente vers le haut.

Ne vous y trompez pas, un peu d'orgueil - et nous en avons tous - nous aide à monter au début de notre vie spirituelle, mais, à la fin, il nous précipite vers le mal. L'homme a besoin d'orgueil, de vanité, quand il débute. Malheur à lui s'il ne jette pas ensuite ce fardeau.

L'humilité se manifeste dans le Verbe incarné. Il a dit Je suis doux et humble de cœur (Matthieu 11, 29).

L'ascèse n'est pas grand chose. La connaissance spirituelle, la Virginité ? C'est bien. Faire la charité envers son prochain ? Rien ne semble supérieur à cela. Mais, disons-le, le Diable est un ascète ; il possède la connaissance, la virginité et fait parfois de bonnes actions. Quand l'antéchrist viendra sur terre, il sera l'homme le plus charitable. Saint Paul nous annonce que le Diable sera capable de donner son corps, capable d'être brûlé pour les hommes mais une seule chose lui est étrangère, "inréussissable" : c'est de devenir humble, car s'il avait été humble, il serait resté dans les hauteurs.

Quand sommes-nous humbles ?

Ce sont des coquetteries que de dire : je suis pécheur, je courbe la tête, je verse des pleurs pour une faute...

L'humilité vraie, ainsi que la douceur, se vérifient lorsqu'on nous dit des choses désagréables et que cela ne nous touche pas ; lorsqu'on nous dit soudain que nous sommes pécheurs et que cela nous laisse indifférents. L'humilité se vérifie, non point quand on découvre soi-même sa faute, mais quand l'autre la découvre et nous la communique ; si, en cet instant, on est troublé, c'est qu'on n'est pas encore humble.

On disait un jour à un saint : "tu es pécheur", "oui" répondait-il ; "tu es meurtrier", "oui"  répondait-il ; mais lorsqu'on lui dit : « tu es séparé du Christ », alors il s'écria «non !»

Ce sont les jugements du voisin qui montrent notre humilité. Il faut les accepter sans remous intérieurs car tout homme a ses faiblesses et peut tout à coup être surpris.

Les hommes nous aident à atteindre l'humilité; les êtres invisibles aussi. Nous ne sommes pas remplis seulement du Saint-Esprit, mais de quantités d'esprits. On les appelle le conscient et le subconscient. Ils nous soufflent : « tu as raté ta vie, tu n'es rien, tu as perdu ta journée ! » Et nous sommes tourmentés parce que nous ne sommes pas humbles.

Pourquoi la vertu d'humilité est-elle tellement sublime ? Parce qu'elle nous introduit dans l'immuabilité de Dieu. L'homme humble est inébranlable et Dieu peut habiter en lui.

L'humilité est dans la parole du Christ : Cesse ! (Cette injonction résume ce que le Christ dit en Luc 22, 38 et 51 : Cessez (toute agitation)...assez, cela suffit !) Plus l'homme est humble, plus il est conforme à Dieu inchangeable ; moins il est humble, moins il est lumineux.

L'orgueil projette à l'extérieur, l'humilité nous introduit à l'intérieur. Ce sont les vapeurs d'amour-propre qui nous empêchent de reconnaître en nous la Trinité.

Pourquoi, me direz-vous, avoir parlé de l'humilité en ce jour de l'Ascension ? Souvenez-vous des paroles de saint Paul : Celui qui est monté est descendu et celui qui est descendu est monté.

Il est monté parce qu'il est descendu. Et Marie chante dans le Magnificat : Tu as regardé l'humilité de ta servante (Luc 1, 48).

Méditons sur l'humilité et surtout vérifions-nous. L'homme humble est un être clarifié, un cristal transparent à la lumière du Christ en lui, l'œil droit du cœur de Jésus.

Considérez par exemple les autres vertus : le courage, l'honnêteté ; l'humilité les dépasse parce qu'elle ignore le trouble qui vient de l'extérieur. Si on se reconnaît comme le dernier, comme indigne d'être écouté, si l'on se dit : le paradis n'est pas pour moi, comment peut-on être troublé ?

Lorsque l'homme devient humble non par son propre mérite mais dans l'économie de Dieu, alors il est glorifié par Dieu.

 

 

 

Paroisse Saint Marien en Bourbonnais
2 Clavière 03190 Audes
Tél. : 04 70 06 79 47
Email : paroissesaintmarien@yahoo.fr
http://saint-marien.over-blog.com/
http://o.sagesse.over-blog.com/
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14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 10:04

Homélie de Monseigneur Jean (Eugraph Kovalevsky), 

 évêque de Saint-Denis, le 19 mai 1955, en la fête de l'Ascension 


Chaque mystère divin renferme une multitude d'aspects, une force et une richesse inépuisables !... J'ai souvent abordé le mystère de notre nature périssable, devenue par le Christ, impérissable. J'ai souvent parlé des apôtres et de leur tristesse en voyant le Seigneur les quitter.

Si je ne pars pas, l'Esprit ne viendra pas à vous...Jean 16, 7.

Aujourd'hui, mes amis, je voudrais exalter une vertu liée à cette fête de l'Ascension, une vertu qui nous élève au-dessus des hommes et nous rend inébranlables, qui ferme la bouche au tentateur, qui donne les ailes pour nous élever à la Droite du Père. Les Pères de l'Église l'appellent l'œil droit du cœur de Jésus.

Cette vertu, c'est l'humilité.

Plus l'humilité est authentique, plus nous montons au-dessus des cieux ; plus l'orgueil est grand, plus nous descendons dans l'abîme.L'orgueil, disait saint Grégoire de Nysse, c'est la montée vers le mal ; l'humilité, c'est la descente vers le haut.

Ne vous y trompez pas, un peu d'orgueil - et nous en avons tous - nous aide à monter au début de notre vie spirituelle, mais, à la fin, il nous précipite vers le mal. L'homme a besoin d'orgueil, de vanité, quand il débute. Malheur à lui s'il ne jette pas ensuite ce fardeau.

L'humilité se manifeste dans le Verbe incarné. Il a dit Je suis doux et humble de cœur (Matthieu 11, 29).

L'ascèse n'est pas grand chose. La connaissance spirituelle, la Virginité ? C'est bien. Faire la charité envers son prochain ? Rien ne semble supérieur à cela. Mais, disons-le, le Diable est un ascète ; il possède la connaissance, la virginité et fait parfois de bonnes actions. Quand l'antéchrist viendra sur terre, il sera l'homme le plus charitable. Saint Paul nous annonce que le Diable sera capable de donner son corps, capable d'être brûlé pour les hommes mais une seule chose lui est étrangère, "inréussissable" : c'est de devenir humble, car s'il avait été humble, il serait resté dans les hauteurs.

Quand sommes-nous humbles ?

Ce sont des coquetteries que de dire : je suis pécheur, je courbe la tête, je verse des pleurs pour une faute...

L'humilité vraie, ainsi que la douceur, se vérifient lorsqu'on nous dit des choses désagréables et que cela ne nous touche pas ; lorsqu'on nous dit soudain que nous sommes pécheurs et que cela nous laisse indifférents. L'humilité se vérifie, non point quand on découvre soi-même sa faute, mais quand l'autre la découvre et nous la communique ; si, en cet instant, on est troublé, c'est qu'on n'est pas encore humble.

On disait un jour à un saint : "tu es pécheur", "oui" répondait-il ; "tu es meurtrier", "oui"  répondait-il ; mais lorsqu'on lui dit : « tu es séparé du Christ », alors il s'écria «non !»

Ce sont les jugements du voisin qui montrent notre humilité. Il faut les accepter sans remous intérieurs car tout homme a ses faiblesses et peut tout à coup être surpris.

Les hommes nous aident à atteindre l'humilité; les êtres invisibles aussi. Nous ne sommes pas remplis seulement du Saint-Esprit, mais de quantités d'esprits. On les appelle le conscient et le subconscient. Ils nous soufflent : « tu as raté ta vie, tu n'es rien, tu as perdu ta journée ! » Et nous sommes tourmentés parce que nous ne sommes pas humbles.

Pourquoi la vertu d'humilité est-elle tellement sublime ? Parce qu'elle nous introduit dans l'immuabilité de Dieu. L'homme humble est inébranlable et Dieu peut habiter en lui.

L'humilité est dans la parole du Christ : Cesse ! (Cette injonction résume ce que le Christ dit en Luc 22, 38 et 51 : Cessez (toute agitation)...assez, cela suffit !) Plus l'homme est humble, plus il est conforme à Dieu inchangeable ; moins il est humble, moins il est lumineux.

L'orgueil projette à l'extérieur, l'humilité nous introduit à l'intérieur. Ce sont les vapeurs d'amour-propre qui nous empêchent de reconnaître en nous la Trinité.

Pourquoi, me direz-vous, avoir parlé de l'humilité en ce jour de l'Ascension ? Souvenez-vous des paroles de saint Paul : Celui qui est monté est descendu et celui qui est descendu est monté.

Il est monté parce qu'il est descendu. Et Marie chante dans le Magnificat : Tu as regardé l'humilité de ta servante (Luc 1, 48).

Méditons sur l'humilité et surtout vérifions-nous. L'homme humble est un être clarifié, un cristal transparent à la lumière du Christ en lui, l'œil droit du cœur de Jésus.

Considérez par exemple les autres vertus : le courage, l'honnêteté ; l'humilité les dépasse parce qu'elle ignore le trouble qui vient de l'extérieur. Si on se reconnaît comme le dernier, comme indigne d'être écouté, si l'on se dit : le paradis n'est pas pour moi, comment peut-on être troublé ?

Lorsque l'homme devient humble non par son propre mérite mais dans l'économie de Dieu, alors il est glorifié par Dieu.

 

 

 

Paroisse Saint Marien en Bourbonnais
2 Clavière 03190 Audes
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14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 09:39

Homélie de Monseigneur Jean, évêque de Saint-Denis, le 19 mai 1955, en la fête de l'Ascension 


Chaque mystère divin renferme une multitude d'aspects, une force et une richesse inépuisables !... J'ai souvent abordé le mystère de notre nature périssable, devenue par le Christ, impérissable. J'ai souvent parlé des apôtres et de leur tristesse en voyant le Seigneur les quitter. 

Si je ne pars pas, l'Esprit ne viendra pas à vous...Jean 16, 7. 

Aujourd'hui, mes amis, je voudrais exalter une vertu liée à cette fête de l'Ascension, une vertu qui nous élève au-dessus des hommes et nous rend inébranlables, qui ferme la bouche au tentateur, qui donne les ailes pour nous élever à la Droite du Père. Les Pères de l'Église l'appellent l'œil droit du cœur de Jésus. 

Cette vertu, c'est l'humilité.

Plus l'humilité est authentique, plus nous montons au-dessus des cieux ; plus l'orgueil est grand, plus nous descendons dans l'abîme. L'orgueil, disait saint Grégoire de Nysse, c'est la montée vers le mal ; l'humilité, c'est la descente vers le haut.

Ne vous y trompez pas, un peu d'orgueil - et nous en avons tous - nous aide à monter au début de notre vie spirituelle, mais, à la fin, il nous précipite vers le mal. L'homme a besoin d'orgueil, de vanité, quand il débute. Malheur à lui s'il ne jette pas ensuite ce fardeau.

L'humilité se manifeste dans le Verbe incarné. Il a dit Je suis doux et humble de cœur (Matthieu 11, 29).

L'ascèse n'est pas grand chose. La connaissance spirituelle, la Virginité ? C'est bien. Faire la charité envers son prochain ? Rien ne semble supérieur à cela. Mais, disons-le, le Diable est un ascète ; il possède la connaissance, la virginité et fait parfois de bonnes actions. Quand l'antéchrist viendra sur terre, il sera l'homme le plus charitable. Saint Paul nous annonce que le Diable sera capable de donner son corps, capable d'être brûlé pour les hommes mais une seule chose lui est étrangère, "inréussissable" : c'est de devenir humble, car s'il avait été humble, il serait resté dans les hauteurs.

Quand sommes-nous humbles ?

Ce sont des coquetteries que de dire : je suis pécheur, je courbe la tête, je verse des pleurs pour une faute...

L'humilité vraie, ainsi que la douceur, se vérifient lorsqu'on nous dit des choses désagréables et que cela ne nous touche pas ; lorsqu'on nous dit soudain que nous sommes pécheurs et que cela nous laisse indifférents. L'humilité se vérifie, non point quand on découvre soi-même sa faute, mais quand l'autre la découvre et nous la communique ; si, en cet instant, on est troublé, c'est qu'on n'est pas encore humble.

On disait un jour à un saint : "tu es pécheur", "oui" répondait-il ; "tu es meurtrier", "oui"  répondait-il ; mais lorsqu'on lui dit : « tu es séparé du Christ », alors il s'écria «non !»

Ce sont les jugements du voisin qui montrent notre humilité. Il faut les accepter sans remous intérieurs car tout homme a ses faiblesses et peut tout à coup être surpris.

Les hommes nous aident à atteindre l'humilité; les êtres invisibles aussi. Nous ne sommes pas remplis seulement du Saint-Esprit, mais de quantités d'esprits. On les appelle le conscient et le subconscient. Ils nous soufflent : « tu as raté ta vie, tu n'es rien, tu as perdu ta journée ! » Et nous sommes tourmentés parce que nous ne sommes pas humbles.

Pourquoi la vertu d'humilité est-elle tellement sublime ? Parce qu'elle nous introduit dans l'immuabilité de Dieu. L'homme humble est inébranlable et Dieu peut habiter en lui.

L'humilité est dans la parole du Christ : Cesse ! (Cette injonction résume ce que le Christ dit en Luc 22, 38 et 51 : Cessez (toute agitation)... assez, cela suffit !) Plus l'homme est humble, plus il est conforme à Dieu inchangeable ; moins il est humble, moins il est lumineux.

L'orgueil projette à l'extérieur, l'humilité nous introduit à l'intérieur. Ce sont les vapeurs d'amour-propre qui nous empêchent de reconnaître en nous la Trinité.

Pourquoi, me direz-vous, avoir parlé de l'humilité en ce jour de l'Ascension ? Souvenez-vous des paroles de saint Paul : Celui qui est monté est descendu et celui qui est descendu est monté.

Il est monté parce qu'il est descendu. Et Marie chante dans le Magnificat : Tu as regardé l'humilité de ta servante (Luc 1, 48).

Méditons sur l'humilité et surtout vérifions-nous. L'homme humble est un être clarifié, un cristal transparent à la lumière du Christ en lui, l'œil droit du cœur de Jésus.

Considérez par exemple les autres vertus : le courage, l'honnêteté ; l'humilité les dépasse parce qu'elle ignore le trouble qui vient de l'extérieur. Si on se reconnaît comme le dernier, comme indigne d'être écouté, si l'on se dit : le paradis n'est pas pour moi, comment peut-on être troublé ?

Lorsque l'homme devient humble non par son propre mérite mais dans l'économie de Dieu, alors il est glorifié par Dieu.

 

 

Paroisse Saint Marien en Bourbonnais
2 Clavière 03190 Audes
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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 08:41

Magie, science et liturgie  

             

 

Rencontrant dans la mythologie, dans la littérature, dans les contes, ces êtres étranges, partiellement hommes et partiellement bêtes, nous pouvons constater que les quatre Vivants ouvrent un monde analogique comme les roues ouvrent un monde analytique.

            Mais il y a une très grande différence entre le monde analogique liturgique et le monde analogique magique. Ces deux traditions dans l'humanité procèdent de Seth et de Caïn. Ne parlons pas ici de la tradition d'Abel qui est celle du Christ, la tradition du sacrifice et du sacrement.

            La tradition exprimée dans la Bible par Seth et par son fils Énoch, est une montée vers Dieu et consiste en ce que la connaissance analogique est en face de Dieu et pour sa louange. Elle ne se retourne pas vers le monde inférieur mais tout est en Dieu et vers Dieu.

            À l'inverse, la magie capte des puissances et se retourne avec puissance vers le monde. Et l'analogie n'est plus alors un chemin vers l'Unique, mais au contraire un instrument par lequel nous prenons connaissance, conscience et même puissance sur le monde extérieur, physique... sur la Création.

            Voilà les deux aspects, la distinction entre ce qui est magique et ce qui est liturgique, Caïn recevant le signe qui le protège; et Seth recevant le Nom divin pour le glorifier.

            Quand nous évoquons ces êtres étranges qui ont parfois des têtes de bœuf, ces êtres synthétiques, ces analogies analogiques, ou prototypes analogiques, s'ils sont tournés vers le monde et séparés de la louange de Dieu, ils deviennent des entités, s'ils sont tournés vers Dieu et le louent, ils deviennent des personnalités. On comprend ainsi pourquoi l'homme peut exploiter les puissances angéliques sans avoir de contact avec les anges et sans les connaître. Autrement dit, si ce réveil (cette pendule) qui est devant moi et qui est matière, commence à chanter Dieu : «Saint ! Saint ! Saint !» ou «Béni soit notre Dieu !...», il cesse d'être un objet et devient un ange ou, plus exactement, une personne. De même, si une puissance spirituelle, une force, une énergie, un élément se manifeste et s'il se met à chanter Dieu, c'est un ange, mais s'il ne chante pas Dieu, s'il ne célèbre pas la liturgie, c'est une force, une puissance, une énergie qu'exploite la magie... ou la science.

            La science est la magie. Il n'y a aucune différence entre la magie et la science parce que l'une et l'autre exploitent des forces et des puissances sans que ces dernières donnent leur acceptation et sans qu'elles louent Dieu.

            Entre un homme qui fait exploiter le pétrole scientifiquement ou celui qui, par des gestes magiques, transforme un être en souris ou en vapeur, il n'y a pas de différence. Tous deux opèrent de telle manière qu'ils exploitent telle ou telle puissance - puissance du pétrole qui est extrait de la terre, ou puissance spirituelle - sans même dire merci, sans louer Dieu ni le faire louer par la puissance dont ils se servent.

            Et cependant la matière - le réveil, le pétrole - loue Dieu, mais d'une autre manière, car toute la nature loue le Seigneur, par sa présence et par son être... Mais, de manière consciente, c'est à l'homme d'appeler la matière à louer Dieu. Tous les matins, les chrétiens chantent que le ciel et la terre, les frimas, les gelées... louent le Seigneur. À nous d'annoncer Dieu à la matière, au soleil, à la lune, à notre table, à nos sourcils, à nos yeux, à tous les éléments nobles ou moins nobles. À nous de les appeler à la liturgie cosmique. À nous d'être le préchantre, à nous d'être le canonarque qui donne le ton exact pour chanter Dieu. 

 

Moseigneur Jean, évêque de Saint Denis (Eugraph Kovalevsky) ; L'Angéologie, chapitre 19

 

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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 08:40

Magie, science et liturgie  

             

 

Rencontrant dans la mythologie, dans la littérature, dans les contes, ces êtres étranges, partiellement hommes et partiellement bêtes, nous pouvons constater que les quatre Vivants ouvrent un monde analogique comme les roues ouvrent un monde analytique.

            Mais il y a une très grande différence entre le monde analogique liturgique et le monde analogique magique. Ces deux traditions dans l'humanité procèdent de Seth et de Caïn. Ne parlons pas ici de la tradition d'Abel qui est celle du Christ, la tradition du sacrifice et du sacrement.

            La tradition exprimée dans la Bible par Seth et par son fils Énoch, est une montée vers Dieu et consiste en ce que la connaissance analogique est en face de Dieu et pour sa louange. Elle ne se retourne pas vers le monde inférieur mais tout est en Dieu et vers Dieu.

            À l'inverse, la magie capte des puissances et se retourne avec puissance vers le monde. Et l'analogie n'est plus alors un chemin vers l'Unique, mais au contraire un instrument par lequel nous prenons connaissance, conscience et même puissance sur le monde extérieur, physique... sur la Création.

            Voilà les deux aspects, la distinction entre ce qui est magique et ce qui est liturgique, Caïn recevant le signe qui le protège; et Seth recevant le Nom divin pour le glorifier.

            Quand nous évoquons ces êtres étranges qui ont parfois des têtes de bœuf, ces êtres synthétiques, ces analogies analogiques, ou prototypes analogiques, s'ils sont tournés vers le monde et séparés de la louange de Dieu, ils deviennent des entités, s'ils sont tournés vers Dieu et le louent, ils deviennent des personnalités. On comprend ainsi pourquoi l'homme peut exploiter les puissances angéliques sans avoir de contact avec les anges et sans les connaître. Autrement dit, si ce réveil (cette pendule) qui est devant moi et qui est matière, commence à chanter Dieu : «Saint ! Saint ! Saint !» ou «Béni soit notre Dieu !...», il cesse d'être un objet et devient un ange ou, plus exactement, une personne. De même, si une puissance spirituelle, une force, une énergie, un élément se manifeste et s'il se met à chanter Dieu, c'est un ange, mais s'il ne chante pas Dieu, s'il ne célèbre pas la liturgie, c'est une force, une puissance, une énergie qu'exploite la magie... ou la science.

            La science est la magie. Il n'y a aucune différence entre la magie et la science parce que l'une et l'autre exploitent des forces et des puissances sans que ces dernières donnent leur acceptation et sans qu'elles louent Dieu.

            Entre un homme qui fait exploiter le pétrole scientifiquement ou celui qui, par des gestes magiques, transforme un être en souris ou en vapeur, il n'y a pas de différence. Tous deux opèrent de telle manière qu'ils exploitent telle ou telle puissance - puissance du pétrole qui est extrait de la terre, ou puissance spirituelle - sans même dire merci, sans louer Dieu ni le faire louer par la puissance dont ils se servent.

            Et cependant la matière - le réveil, le pétrole - loue Dieu, mais d'une autre manière, car toute la nature loue le Seigneur, par sa présence et par son être... Mais, de manière consciente, c'est à l'homme d'appeler la matière à louer Dieu. Tous les matins, les chrétiens chantent que le ciel et la terre, les frimas, les gelées... louent le Seigneur. À nous d'annoncer Dieu à la matière, au soleil, à la lune, à notre table, à nos sourcils, à nos yeux, à tous les éléments nobles ou moins nobles. À nous de les appeler à la liturgie cosmique. À nous d'être le préchantre, à nous d'être le canonarque qui donne le ton exact pour chanter Dieu. 

 

Moseigneur Jean, évêque de Saint Denis (Eugraph Kovalevsky) ; L'Angéologie, chapitre 19

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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 08:38

Magie, science et liturgie  

             

 

Rencontrant dans la mythologie, dans la littérature, dans les contes, ces êtres étranges, partiellement hommes et partiellement bêtes, nous pouvons constater que les quatre Vivants ouvrent un monde analogique comme les roues ouvrent un monde analytique.

            Mais il y a une très grande différence entre le monde analogique liturgique et le monde analogique magique. Ces deux traditions dans l'humanité procèdent de Seth et de Caïn. Ne parlons pas ici de la tradition d'Abel qui est celle du Christ, la tradition du sacrifice et du sacrement.

            La tradition exprimée dans la Bible par Seth et par son fils Énoch, est une montée vers Dieu et consiste en ce que la connaissance analogique est en face de Dieu et pour sa louange. Elle ne se retourne pas vers le monde inférieur mais tout est en Dieu et vers Dieu.

            À l'inverse, la magie capte des puissances et se retourne avec puissance vers le monde. Et l'analogie n'est plus alors un chemin vers l'Unique, mais au contraire un instrument par lequel nous prenons connaissance, conscience et même puissance sur le monde extérieur, physique... sur la Création.

            Voilà les deux aspects, la distinction entre ce qui est magique et ce qui est liturgique, Caïn recevant le signe qui le protège; et Seth recevant le Nom divin pour le glorifier.

            Quand nous évoquons ces êtres étranges qui ont parfois des têtes de bœuf, ces êtres synthétiques, ces analogies analogiques, ou prototypes analogiques, s'ils sont tournés vers le monde et séparés de la louange de Dieu, ils deviennent des entités, s'ils sont tournés vers Dieu et le louent, ils deviennent des personnalités. On comprend ainsi pourquoi l'homme peut exploiter les puissances angéliques sans avoir de contact avec les anges et sans les connaître. Autrement dit, si ce réveil (cette pendule) qui est devant moi et qui est matière, commence à chanter Dieu : «Saint ! Saint ! Saint !» ou «Béni soit notre Dieu !...», il cesse d'être un objet et devient un ange ou, plus exactement, une personne. De même, si une puissance spirituelle, une force, une énergie, un élément se manifeste et s'il se met à chanter Dieu, c'est un ange, mais s'il ne chante pas Dieu, s'il ne célèbre pas la liturgie, c'est une force, une puissance, une énergie qu'exploite la magie... ou la science.

            La science est la magie. Il n'y a aucune différence entre la magie et la science parce que l'une et l'autre exploitent des forces et des puissances sans que ces dernières donnent leur acceptation et sans qu'elles louent Dieu.

            Entre un homme qui fait exploiter le pétrole scientifiquement ou celui qui, par des gestes magiques, transforme un être en souris ou en vapeur, il n'y a pas de différence. Tous deux opèrent de telle manière qu'ils exploitent telle ou telle puissance - puissance du pétrole qui est extrait de la terre, ou puissance spirituelle - sans même dire merci, sans louer Dieu ni le faire louer par la puissance dont ils se servent.

            Et cependant la matière - le réveil, le pétrole - loue Dieu, mais d'une autre manière, car toute la nature loue le Seigneur, par sa présence et par son être... Mais, de manière consciente, c'est à l'homme d'appeler la matière à louer Dieu. Tous les matins, les chrétiens chantent que le ciel et la terre, les frimas, les gelées... louent le Seigneur. À nous d'annoncer Dieu à la matière, au soleil, à la lune, à notre table, à nos sourcils, à nos yeux, à tous les éléments nobles ou moins nobles. À nous de les appeler à la liturgie cosmique. À nous d'être le préchantre, à nous d'être le canonarque qui donne le ton exact pour chanter Dieu. 

 

Moseigneur Jean, évêque de Saint Denis (Eugraph Kovalevsky) ; L'Angéologie, chapitre 19

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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 08:33

Magie, science et liturgie  

             

 

Rencontrant dans la mythologie, dans la littérature, dans les contes, ces êtres étranges, partiellement hommes et partiellement bêtes, nous pouvons constater que les quatre Vivants ouvrent un monde analogique comme les roues ouvrent un monde analytique.

            Mais il y a une très grande différence entre le monde analogique liturgique et le monde analogique magique. Ces deux traditions dans l'humanité procèdent de Seth et de Caïn. Ne parlons pas ici de la tradition d'Abel qui est celle du Christ, la tradition du sacrifice et du sacrement.

            La tradition exprimée dans la Bible par Seth et par son fils Énoch, est une montée vers Dieu et consiste en ce que la connaissance analogique est en face de Dieu et pour sa louange. Elle ne se retourne pas vers le monde inférieur mais tout est en Dieu et vers Dieu.

            À l'inverse, la magie capte des puissances et se retourne avec puissance vers le monde. Et l'analogie n'est plus alors un chemin vers l'Unique, mais au contraire un instrument par lequel nous prenons connaissance, conscience et même puissance sur le monde extérieur, physique... sur la Création.

            Voilà les deux aspects, la distinction entre ce qui est magique et ce qui est liturgique, Caïn recevant le signe qui le protège; et Seth recevant le Nom divin pour le glorifier.

            Quand nous évoquons ces êtres étranges qui ont parfois des têtes de bœuf, ces êtres synthétiques, ces analogies analogiques, ou prototypes analogiques, s'ils sont tournés vers le monde et séparés de la louange de Dieu, ils deviennent des entités, s'ils sont tournés vers Dieu et le louent, ils deviennent des personnalités. On comprend ainsi pourquoi l'homme peut exploiter les puissances angéliques sans avoir de contact avec les anges et sans les connaître. Autrement dit, si ce réveil (cette pendule) qui est devant moi et qui est matière, commence à chanter Dieu : «Saint ! Saint ! Saint !» ou «Béni soit notre Dieu !...», il cesse d'être un objet et devient un ange ou, plus exactement, une personne. De même, si une puissance spirituelle, une force, une énergie, un élément se manifeste et s'il se met à chanter Dieu, c'est un ange, mais s'il ne chante pas Dieu, s'il ne célèbre pas la liturgie, c'est une force, une puissance, une énergie qu'exploite la magie... ou la science.

            La science est la magie. Il n'y a aucune différence entre la magie et la science parce que l'une et l'autre exploitent des forces et des puissances sans que ces dernières donnent leur acceptation et sans qu'elles louent Dieu.

            Entre un homme qui fait exploiter le pétrole scientifiquement ou celui qui, par des gestes magiques, transforme un être en souris ou en vapeur, il n'y a pas de différence. Tous deux opèrent de telle manière qu'ils exploitent telle ou telle puissance - puissance du pétrole qui est extrait de la terre, ou puissance spirituelle - sans même dire merci, sans louer Dieu ni le faire louer par la puissance dont ils se servent.

            Et cependant la matière - le réveil, le pétrole - loue Dieu, mais d'une autre manière, car toute la nature loue le Seigneur, par sa présence et par son être... Mais, de manière consciente, c'est à l'homme d'appeler la matière à louer Dieu. Tous les matins, les chrétiens chantent que le ciel et la terre, les frimas, les gelées... louent le Seigneur. À nous d'annoncer Dieu à la matière, au soleil, à la lune, à notre table, à nos sourcils, à nos yeux, à tous les éléments nobles ou moins nobles. À nous de les appeler à la liturgie cosmique. À nous d'être le préchantre, à nous d'être le canonarque qui donne le ton exact pour chanter Dieu. 

 

Moseigneur Jean, évêque de Saint Denis (Eugraph Kovalevsky) ; L'Angéologie, chapitre 19

 

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